Qui s’y frotte s’y pique ! Lorsque l’on évoque le sujet de la reconnaissance faciale d’une manière générale, nous faisons face à deux écoles. Les fervents défenseurs des libertés individuelles qui craignent (légitimement) pour l’atteinte à leur vie privée. Puis sur l’autre rive, ceux qui, au nom de la sécurité, considèrent que les pouvoirs publics ne se positionnent pas suffisamment sur cette question pourtant essentielle. Dans le viseur, un cadre réglementaire trop restreint qui freinerait le développement de cette technique pourtant pleine de promesses. La perspective des Jeux Olympiques 2024 à Paris et les débats qui s’en sont suivis au Sénat ont relancé cette question polémique. Voyons dans cette article pourquoi la reconnaissance faciale sur la voie publique divise tant !
La reconnaissance faciale en quelques mots…
Cette technique se base sur la reconnaissance des traits de votre visage. Grâce à cela, il est doublement possible d’authentifier et d’identifier n’importe quel individu. En d’autres termes, le système peut lui seul, vous reconnaitre grâce à plusieurs caractéristiques physiques qui vous sont propres et uniques.
Rappelons que nous évoquons ici les dispositifs biométriques qui sont encadrés par une règlementation très stricte. En effet, vous avez peut être, dans les locaux de votre entreprise, un système de contrôle d’accès dit biométrique. Ainsi, au lieu d’utiliser un code ou un badge pour accéder à l’intérieur des locaux ou des bureaux, c’est avec l’empreinte de votre doigt que vous ouvrez les portes. La biométrie peut ainsi s’appliquer à votre voix, votre visage ou encore l’iris de vos yeux ! Lorsque vous posez votre doigt ou présentez votre visage devant le système, ce dernier le reconnait en le comparant à celui que vous aurez déjà préalablement enregistré.
Cela constitue une réelle avancée technologique permettant de renforcer la sécurité d’une entreprise. Imaginez qu’un badge, même nominatif soit perdu. Il peut à tout moment être utilisé à des fins malveillantes. En revanche, vos caractéristiques physiques, elles, vous sont propres et uniques. Il est alors impossible de les usurper et de les détourner !
Inquiétudes en pagaille !
C’est justement la force de la reconnaissance faciale qui en fait sa faiblesse. Elle traite et analyse des données biométriques qui sont en réalité des données personnelles. Rappelez vous, grâce à cela elle vous identifie et vous authentifie facilement. Mais auriez vous envie que de telles techniques vous suivent jusque sur la voie publique, dans votre quotidien même à des fins sécuritaires ?
C’est donc là que le bât blesse… de nombreuses voix s’élèvent contre les potentielles dérives de ces évolutions technologiques. Vous le savez, la présence de caméras de surveillance sur la voie publique peut heurter et même générer de vives tensions chez les plus fervents défenseurs des libertés individuelles. Ils craignent au plus haut point d’être épiés et surveillés sans relâche. Les technologies de surveillance sont aujourd’hui évoluées et offrent des fonctionnalités qui vont au delà de la simple capture d’image. Aujourd’hui, il est possible de recueillir des images, de les analyser puis de les classer en catégories. C’est cela qui inquiète la population. Marcher dans la rue tout en sachant qu’une caméra peut, à tout moment capter votre image et par la suite l’analyser peut réellement questionner sur la protection des libertés individuelles.
Puis quelles sont les limites de tels dispositifs ? Les fantasmes en la matière laissent penser que l’on peut se diriger vers une société du « tout contrôle ». On pourrait assister à des dérives qui porteraient atteintes à nos libertés. Il est évident que les pouvoirs publics sont extrêmement prudents sur cette question. Ils souhaitent prendre des « pincettes » sur ce sujet. Aujourd’hui, on assiste à des expérimentations en la matière : toujours très contrôlées et limitées dans le temps. C’est ainsi qu’à l’occasion des Jeux Olympiques Paris 2024, toujours à des fins sécuritaires, des dispositifs d’intelligence artificielle pourront notamment recourir à l’analyse de comportement des foules grâce à la reconnaissance faciale par exemple !
Reconnaissance faciale sur la voie publique : la position ferme de la CNIL
Attention, il faut d’ores et déjà savoir que seules les autorités publiques ont « un droit de regard » sur la voie publique. En d’autres termes, cela veut dire qu’il n’y a que ces derniers qui peuvent la filmer. De nombreuses raisons justifient la présence de caméras de surveillance comme présentées sur le site Service Public .
La CNIL insiste donc sur la question de l’éthique et du respect de la vie privée. Le consentement des personnes filmées est un préalable extrêmement important qui semble se conjuguer difficilement avec la reconnaissance faciale. Elle rappelle notamment l’importance de vérifier l’impact de ces dispositifs sur la protection des données.
Attention donc à signaler toujours ces informations sous peine de sanctions !
- l’objectif de l’installation du système de vidéosurveillance
- la durée de conservation des images captées
- la possibilité de recourir à la CNIL en cas de problème ou d’interrogation
- le nom de la personne responsable du traitement des données personnelles
- l’existence des droits Informatiques et libertés
La CNIL est encore dans l’optique de travailler le cadre réglementaire des dispositifs à reconnaissance faciale pour lutter contre les dérives éthiques et pour renforcer la confidentialité.
Pour conclure sur la reconnaissance faciale sur la voie publique
La France craint encore de déployer et d’assumer la mise en place de la reconnaissance faciale sur la voie publique. De nombreux pays ont déjà franchi le cap. Leurs exemples semblent encore questionner notre pays sur la légitimité de l’existence d’une telle technique. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra certainement encore débattre de son efficacité, de ses avantages encore longtemps. Ne pas oublier non plus les dérives potentielles que la reconnaissance faciale peut nous apporter. Tout cela pour aboutir à la mise en place d’une utilisation éclairée par la main de l’homme. Mais surtout encadrée par une règlementation adaptée !